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ISSUES
Tandis que la Guinée se prépare pour les élections législatives prévues pour la fin de l’année (ces élections multipartites ne sont que les secondes du genre dans l’histoire du pays), les partis politiques déploient beaucoup d’énergie pour inscrire un plus grand nombre d’électeurs sur les listes électorales, choisir plus démocratiquement leurs candidats et renforcer la sensibilisation des partis et des électeurs des zones rurales. Ces principes figurent parmi les recommandations formulées par plus d’une quarantaine de partis politiques à l’issue de consultations longues d’un mois sur l’expérience vécue l’année dernière lors de la première campagne.
Après plus de 50 ans de régime autoritaire, la Guinée a tenu ses premières élections dans la seconde moitié de l’année 2010. Celles-ci ont été marquées par le fait que pour la première fois, les partis politiques ont pu ouvertement faire campagne dans un climat de compétitivité, mais la campagne a été entachée de certaines violences. Pour ajouter encore aux tensions politiques, des problèmes administratifs ont retardé le deuxième tour des élections de quatre mois par rapport à la date prévue par le droit constitutionnel.
LES PARTIS S’ACCORDENT À ÉTENDRE LE CODE DE BONNE CONDUITE
Lors de la réunion du 31 mars, les partis se sont mis d’accord pour étendre leur code de bonne conduite et élargir le système qui leur permet de veiller à l’adhésion dudit code. En 2008, 41 partis politiques ont signé le premier code de bonne conduite des partis politiques, qui fixe les normes de comportement des partis politiques, comme par exemple le renoncement à la violence, l’emploi de mécanismes légaux de dépôt de plaintes et l’acception des résultats officiels des élections. Désormais, 83 des 143 partis politiques du pays ont adhéré à ce code. Lors du cycle électoral de 2010, le NDI et ses partenaires ont mené des campagnes d’éducation civique pour promouvoir le code : ils ont envoyé des caravanes dans tout le pays pour diffuser le message et se sont associés à des organisations de jeunesse et des chefs de village pour renforcer ses normes. Pendant une séance d’analyse de bilan après la campagne, les partis étaient tous d’accord sur le fait que les campagnes d’éducation civique et le code avaient fortement contribué à réduire les tensions et à l’acceptation des résultats électoraux par les partis politiques dans un climat pacifique.
Une disposition du code porte création de la commission de surveillance du code de bonne conduite qui est en partie financée par les partis et veille à ce que les règles établies soient appliquées avec constance et équité. S’appuyant sur le feedback des partis, le NDI prévoit d’étendre au niveau local et sous-préfectoral la commission qui est actuellement présente dans 33 préfectures guinéennes, afin que les bureaux des antennes de partis puissent veiller à l’application du code dans les zones les plus susceptibles de tomber dans la violence, à temps pour la campagne législative devant démarrer à la fin de l’année. Pour renforcer le code, les partis ont accepté d’appliquer des sanctions plus efficaces, allant d’un avis public de non-adhésion au lancement d’une action en justice, selon la nature particulière de l’infraction au code par le parti. Ils ont aussi accepté de faire mieux connaitre le code parmi les guinéens ordinaires grâce à des campagnes de plaidoyer et à la traduction des documents dans les langues locales.
Depuis la fin de la campagne et de concert avec les partis politiques, le NDI travaille sur la compilation des enseignements tirés de l’élection présidentielle de 2010. A Conakry (la capitale) et dans les 7 capitales administratives de la Guinée, l’Institut a discuté avec la direction des partis et les représentants régionaux pour savoir ce qu’ils espéraient faire différemment lors de la prochaine campagne, en s’efforçant de trouver des principes susceptibles d’être acceptés de tous les partis qui rendraient la gestion des élections plus efficace et créeraient un climat pacifique lors des futures élections législatives. Par exemple, les partis ont indiqué que la communication entre la capitale et les provinces était difficile. La documentation de campagne, l’information se rapportant aux messages ou aux programmes des partis, ou encore les formateurs professionnels et les organisateurs, ne sont pas toujours parvenus jusqu’aux zones les plus rurales du pays. Souvent, l’information concernant la législation électorale, notamment les clauses constitutionnelles et les lois régissant le financement des campagnes, n’étaient pas suffisamment communiquées aux antennes des partis situées en dehors de la capitale.
La surveillance des élections par les partis a aussi souffert de ce manque de communication. Dans certains cas, les partis ont eu du mal à trouver des formateurs et des financements pour envoyer des scrutateurs électoraux dans les zones rurales. En conséquence, certains bureaux de vote n’étaient pas surveillés et certains partis n’étaient pas présents dans les bureaux de vote de certaines régions.
Le processus d’évaluation de la campagne dirigé par le NDI a culminé entre le 31 mars et le 2 avril, lorsqu’une quarantaine de partis se sont rencontrés pour discuter de leurs conclusions et de leurs recommandations. Pour ce qui est des élections législatives, les partis sont parvenus aux accords suivants:
- Améliorer l’inscription des électeurs sur les listes électorales et démarrer les initiatives de mobilisation des électeurs pour aller voter.
- Sélectionner les candidats de façon plus démocratique et respecter les quotas féminins sur les listes de candidats présentés par les partis. Bien que légalement les listes de candidats doivent comprendre 30% de femmes, cette pratique est rarement respectée et les partis ne sont aucunement pénalisés lorsqu’ils ne respectent pas la loi sur les quotas,
- Améliorer la communication entre le siège du parti situé dans la capitale et leurs antennes dans le reste du pays, et
- Mobiliser suffisamment de fonds pour veiller à ce que l’information soit disséminée et que les formations aient bien lieu dans les zones les plus rurales du pays.
Ces étapes visent à rendre les futures élections moins violentes, plus inclusives, plus efficaces et, en fin de compte, plus démocratiques.
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Photo ci-dessus: Koleah Keita (l), chargé de l’enregistrement de l’atelier; Hady Leno, trésorier de la commission de surveillance du code de bonne conduite et Dr. Raphael Ouattara (r), directeur résident du NDI en Guinée présent à l’atelier de Conakry.
Publié le 26 avril 2011